François Glineur est un jeune peintre talentueux. Son oeuvre évoque celle de Jean-Michel Basquiat, dans une saturation de la toile qui mélange le trait et la couleur. Le jeu, la joie et la liberté sont les maîtres mots de cet artiste, qui s’inspire avec jubilation des grands maîtres de la peinture.

 

François Glineur - Nu allongé

  • Bien que profondément originale et singulière, la peinture de François Glineur foisonne de références.
    Le peintre s’amuse à évoquer les grands anciens, à pasticher les toiles célèbres. Ses sources d’inspiration sont multiples : Picasso, Bacon, Twombly, Basquiat, Hockney […]

    Texte de Sophie Bourzeix – Mai 2015.
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  • Il livre tous les jours un combat, pour trouver « le héros qui sommeille en lui », et nous, nous voyons la lutte acharnée avec la peinture […]

    Texte de Marie-Claire Sellier
    Atension n° 40 – Mars 2008.
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  • François Glineur dans ses travaux récents donne plus de place au déploiement de la ligne. Arabesques, traits, stries, croix, spirales, entrelacs. A l’habituel dialectique dessin-contour, couleur-sensation, il substitue un alliage où le trait conduit à la couleur […]

    Texte de Philippe Guedj, psychanalyste – Septembre 2014
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François Glineur
Né en 1973

 

Formation
1993- 1998 Ecole Supérieure d’Art et de Design d’Amiens,
1998 DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique), avec les félicitations du jury

 

Expositions personnelles

2012Galerie Ricardo Fernandes, Paris
2011Galerie Dufois, Senlis
2010Galerie Esad, Amiens
2008Galerie Christine Phal, Paris

Galerie Dufois, Senlis

2006Galerie Daeppen, Bâle, Suisse
2005La nouvelle galerie, Grenoble
2004Galerie Le Guevel, Saint-Brieuc

Galerie Daeppen, Bâle, Suisse

2003Galerie Daeppen, Bâle, Suisse

 

Expositions collectives

 

2013Galerie Evelyne Heno, Paris

Galerie Dufois, Senlis

2010"Arsenal 1995-2010", Musée de l’Arsenal, Soissons

Galerie Carré Noir-Safran, Amiens

2009"Live in Picardie", Musée de l’Arsenal, Soissons
2008Monos Art Gallery, Liège, Belgique
2007Galerie Christine Phal, Paris
2006Galerie Daeppen, Bâle, Suisse
2003Galerie Daeppen, Bâle, Suisse
2002Galerie Daeppen, Bâle, Suisse

 

Publications – Catalogues d’exposition :
"ESAD", juin 2010
"Arsenal 1995-2010", Musée de Soissons, octobre 2010
"Live in Picardie", Musée de Soissons, octobre 2009
Esprit de Picardie, janvier 2010

 

Collections publiques
"Le Faune", 130 x 97 cm – Acrylique et pastel gras sur toile – Musée de Soissons, France

 



 

Texte de Sophie Bourzeix – mai 2015

 

Bien que profondément originale et singulière, la peinture de François Glineur foisonne de références.
Le peintre s’amuse à évoquer les grands anciens, à pasticher les toiles célèbres. Ses sources d’inspiration sont multiples : Picasso, Bacon, Twombly, Basquiat, Hockney… En particulier, sa proximité avec l’œuvre Jean-Michel Basquiat saute aux yeux.

 

Ses toiles regorgent de couleurs, de traits, de hachures, de coulures, de taches. L’espace de la toile est saturé et en même temps barré, gribouillé.

 

Les aplats colorés sont décorés de motifs végétaux, de points, de formes géométriques. On pense au jaune éclatant des papiers peints des intérieurs de Vuillard et aux motifs de ses robes fleuries. Mais il n’est pas question ici d’un décor réaliste. Comme le dit le psychanalyste Philippe Guedj : dans les tableaux de François Glineur « le trait conduit à la couleur, devient couleur ; ne s’en distingue pas fondamentalement ». Il la prolonge. La ligne est fluide, elle virevolte, tourbillonne : ses arabesques dessinent les seins des femmes et les poitrines velues des hommes. Des couples joyeux s’ébattent dans un écrin coloré.
D’autres correspondances nous viennent à l’esprit, picturales ou littéraires.

 

Dans le grand tableau « couple allongé » on aperçoit dans le coin supérieur, au-delà d’une balustrade posée mystérieusement à plat, un petit morceau d’île exotique. De grandes feuilles bleues ombragent les amants, évoquant irrésistiblement les palmes et les larges portiques de « La Vie Antérieure » de Baudelaire.

 

Les corps humains, dessinés, tracés, semblent de prime abord délimités, clôturés par le trait. Pourtant ils se mélangent entre eux et le « décor » leur rentre dedans, en transparence. L’intérieur du corps apparait aussi. Bien que leurs techniques picturales soient à priori très différentes, le « nu masculin » de François Glineur, évoque pour moi la série les dos de Christian Bonnefoi. Dans les deux cas le corps, dessiné, montre le dehors et le dedans. Les formes évoquent l’intestin, le ventre à nu.

 

Mais l’humour est aussi constamment présent dans la peinture de François Glineur : dans les scènes quotidiennes comme dans ses pastiches de toiles célèbres. Parfois l’inquiétante étrangeté chère aux surréalistes fait même son apparition. Des animaux bizarres surgissent : un crocodile rose, un hibou, une chèvre, des chats noirs, des serpents, des poissons. Des carrés roses se montrent : posés là sans raison apparente, cachent-ils quelque chose ? Le peintre a-t-il voulu rappeler les propos de Monet « contentez-vous de penser : ici, une petite goutte de bleu, là un rectangle rose, ailleurs un filet de jaune, et puis peignez tout comme vous le voyez ». Ou s’agit-il d’un repentir assumé, d’un jeu, ou juste d’un carré rose ?

 

Tous les souvenirs d’autres œuvres qu’évoque la peinture de François Glineur participent de sa richesse. Mais si elle s’inspire, s’imprègne du passé et de ses prédécesseurs, il ne faudrait pas limiter cette œuvre à une réminiscence. La technique très contemporaine des feutres acryliques permet de jouer pleinement avec le trait et rend cette peinture si particulière. Comme tous les vrais artistes François Glineur est avant tout libre. Il expérimente, il va de l’avant, encore et encore. Malgré la pointe d’inquiétude qui parfois affleure dans son œuvre, la vie, le bonheur, l’érotisme joyeux emplissent ses toiles. La joie, celle de l’enfant qui crée, nous saute au visage. Celle du petit garçon qu’il était, que j’ai connu tout jeune, rieur, frondeur et bouclé, et qui très tôt ne voulait qu’une chose : devenir peintre.

 

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Atension n° 40 Mars Avril 2008 – Histoires de couple

 

Texte de Marie-Claire Sellier

 

 

Il livre tous les jours un combat, pour trouver « le héros qui sommeille en lui », et nous, nous voyons la lutte acharnée avec la peinture.
Il peint des histoires d’amour ou plutôt de couples. D’une façon identique. Dans la lutte pour faire triompher une représentation, pas de répit. Il s’agit pour lui de trouver ce qui un temps le satisfera, lui donnera l’illusion qu’un instant, il a tenu la bonne image, le bon tableau. Et puis, comme ces personnages dépités qu’il représente à longueur de temps, il poussera plus loin cette quête rencontrant ainsi ce qui construit entre désarroi et jubilation : une œuvre inquiète, sans repos ni répit nous piégeant avec un vocabulaire issu parfois de la bande dessinée. Un sourire esquissé pour cet « Adam et Eve » qui semble si vulnérable, saisi après la faute, image burlesque de l’origine bien loin de Cranach mais si près de Picasso, ce n’est plus la culpabilité mais de morale qui s’agit.

 

C’est la défaite d’une position où dans la lucidité ironique de soi, le héros fatigué d’avoir à lutter pour sa représentation, piteux dans sa virilité, il semble hébété d’apparaître ainsi. Pour le peintre tout ceci est dérisoire , comme un désespoir de constater que la vie n’est que ça. La destruction de la belle ligne de ce qui serait séduisant rentre dans le combat contre la séduction, contre une figuration harmonieuse qui embarquerait la peinture dans un chemin refusé : plaire.
François Glineur est de cette espèce de peintre qui ne se satisfait pas d’une jolie image, il s’en méfierait plutôt, la jugeant si elle est trop élégante et séduisante, un peu facile.

 

Même dans sa manière de procéder dans le recouvrement de la toile, il pose cette notion de dialectique, de composition où des termes s’affrontent, que cela soit la peinture ou la ligne serpentine du dessin, le fond ou la surface. Mêmes les personnages jouent l’imbrication dans une lutte corps à corps où personne ne gagne. Tout s’équilibre finalement dans le résultat. La tension est à ce prix et gouverne l’espace pictural.

 

Toujours dans la tension entre deux termes, la toile confirme que faire de la peinture est d’abord la résistance avec le langage usé et revisité de la peinture, trouver une voie singulière comme un chemin inconnu qui se servirait de toutes les strates de l’histoire de l’art (pensons à la fois à Basquiat et à Schiele), pour parvenir à ne pas redire mais innover. Rencontrer sa propre langue. Il y a de cela dans la peinture au fond cramoisi de cette scène d’accouplement où l’empâtement de l’un, massif, pesant, lourd, recouvre le fantôme linéaire d’une mignonne dont la grâce épuise la masse. C’est ainsi, cela trouble parce qu’ainsi on parle de l’amour, de ses sentiments amoureux complexes. Le plus fort, le plus dense n’est pas celui remarqué en premier qui plierait sous le labeur amoureux mais plutôt la jolie petite donzelle au dessin précieux qui lui donne sa place. Dans une autre toile, cela se joue à l’inverse : la nageuse est massive et semble habitée par le fantôme d’un homme juste esquissé. Cela devient des histoires dès que l’on quitte l’attachement à la forme pour voir ce qui en surgit : quantité d’histoires d’amour, de couples qui se cherchent et bien qu’ils soient toujours deux dans l’espace, aucune position ne les rassure, tout se redéploie suivant des configurations qui permettent de comprendre. Tout cela n’est pas simple, pas plus que de faire de la peinture aujourd’hui.

 

L’idée de l’accouplement dans le vif de l’action n’impose pas un érotisme, mais porte la résignation de devoir en passer par là, comme il faut se coltiner la condition de la peinture pour avoir un tableau. Parfois un chien passe par là, museau en l’air, œil rond pointant le trivial de la situation qui n’est pas sans rappeler la trivialité du sexuel, sorte de contrepoint de l’humanité.
Pas d’héroïsme dans la figuration, juste une lucidité ironique admettant la défaite d’une position. Les héros sont des êtres fatigués et tel ce personnage gonflant ses biscoteaux, piteux dans sa virilité comme hébété d’apparaître ainsi. La confusion des superpositions de lignes rend particulièrement vivante la lecture de l’image se faisant comme un décryptage de calques, de couches et engageant un regard en profondeur. Des taches de couleurs vives et franches, il faut savoir les resituer dans des configurations sémantiques qui dévoilent le sens profond de l’œuvre. Puis les faire rentrer dans le repérage des autres formes et ainsi, dans cette tension constante dans les différents plans s’élabore un sentiment qui va du sourire à un regard introspectif sur ce qui mène le monde. Partant d’une question intime, dans un journal visuel, l’artiste invite à repenser ce rapport au monde dans l’obsession de l’héritage visuel des premières traces du paléolithique avec des gestes techniques frustres jusqu’au plus élaboré dessin matissien.

 

D’une dimension d’introspection biographique devenant alibi pour une figuration de cet amour, il provoque des regards sur la nécessité du tableau réinterrogé aujourd’hui.

 

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Exposition Circonvolution, Septembre 2014 – Galerie Dufois, Senlis

 

Texte de Philippe Guedj Psychanalyste

 

François Glineur dans ses travaux récents donne plus de place au déploiement de la ligne. Arabesques, traits, stries, croix, spirales, entrelacs. A l’habituel dialectique dessin-contour, couleur-sensation, il substitue un alliage où le trait conduit à la couleur, devient couleur; ne s’en distingue pas fondamentalement. Le contour souvent se détourne de sa destination de clôture. Il n’enferme pas, il s’ouvre au mouvement. Il participe d’une certaine vibration, soulignant la dynamique colorée. Les personnages, les figures qui abondent dans le travail du peintre, même si la densité des lignes en définit plus nettement les traits, semblent parfois traversés par leur fond, leur environnement, leur «paysage». Corps et décors s’entremêlent dans une étreinte joyeuse, dans une érotique des êtres et des choses. Dans ses tableaux s’exprime force et vitalité. S’y rejoignent Héros et Eros. Tel les héros homériques ils paraissent revêtu de l’éclat de la Charis. Comme dans toute peinture la lumière qui donne jour s’y fait jour.

 

François Glineur puise à différentes sources: peinture, photographie. Elles apportent de l’eau à son moulin. L’artiste fait de la peinture son sujet. Il se met à l’ouvrage des maîtres, les reprend, les analyse en acte, les transpose ironiquement. Ses muses s’amusent. Dans cette réélaboration, il nous rappelle que chaque tableau est à la fois un moment d’accomplissement et transition vers autre chose. C’est l’ouvert d’une reprise, d’un hommage irrévérencieux, donc fidèle à l’esprit, et d’un nouveau développement. Une recherche se poursuit. Elle prend forme concrète, visible, d’une oeuvre. Un tableau du passé fait signe et l’artiste y répond dans son style propre. Et comme toujours chez Glineur, le geste garde la fraîcheur d’un renouvellement. La figure du peintre rejoint celle d’Ulysse qui traverse les motifs infinis de la mer, ici de l’histoire de la peinture, pour pouvoir mieux se retrouver chez lui.

 

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